ULTRA-TRAIL COTE D’AZUR MERCANTOUR
Un ultra trail super de fin d’été (2-3-4 septembre) 145 km 10000m D+ raconté par notre lapin préféré Gilles Montgaillard.
Vendredi Matin 6H décollage de Toulouse. Nous arrivons sur Nice vers 12h, le temps de faire le contrôle des sacs et la remise des dossards, il est temps d’aller se mettre à l’ombre pour manger et dormir un peu. 15h, il faut peut-être aller au départ, mais avec la chaleur nous ne sommes pas super speed pour remonter en voiture. Avec les bouchons cela complique fortement la tâche, je suis obligé de me changer dans la voiture et arrivé à Chateaurenard, nous avons juste le temps de sortir de la voiture et de finir les 800 m qui reste avant la ligne de départ. Là, nous sommes sous des chênes et des oliviers, sous un soleil de plomb avec des coureurs partout, c’est un peu comme un rave party un lendemain de fête. Où est le lapin ?? On retrouve les autres et rapidement le départ est donné.
Etape 1 Nice-Tourette Levens 11,1km D+ 781 D-391 Sommet 690m
Direction le grand bain de chaleur pour aller au mont chauve. Beaucoup de monde, pas facile de doubler mais tous les voyants sont au vert et le cadre est magnifique … La première partie passe très vite, il fait chaud et la course est longue, donc pas de précipitations, je ne force pas, j’avance. On arrive à Tourette Levens pour le premier ravito dans les ruelles et avec la foule. L’ambiance est là c’est chouette.
Etape 2 Tourette Levens – Ruines de Chateauneuf 6,9km D+ 429 D- 129 Sommet 695m
Portion la plus courte du parcours et sans difficulté particulière, mais comportant de fantastiques panoramas. On quitte rapidement le village pour le GR. On croise encore pas mal de monde et il fait toujours chaud. Pour le moment nous sommes encore en groupe et le rythme reste encore bon. Certains me double à un rythme fou mais la route est encore longue et la fraicheur du soir pas encore là, j’attends donc la nuit en avançant à mon rythme. Il y a déjà 3h de course et nous voyons encore la côte et la mer, cela donne l’impression de ne pas avancer. Pour le moment les passages en balcon sont suffisamment roulants pour regarder le paysage et courir. On arrive rapidement au 2ème ravito dans un joli petit pré.
Etape 3 Ruines de Chateauneuf – Levens 15,8km D+ 985 D-975 Sommet 1412m
On attaque la première montée sur une distance plus longue mais la nuit approche et la fraicheur avec. Il faut encore faire attention à l’eau car il y a bien 3-4h et nous sommes toujours autour des 30°C. Le sac est donc lourd avec les 2 bidons et la poche a eau. Le soleil commence à ce coucher et nous voyons les lumières de la côte. J’avance à mon rythme je ne cherche pas a forcer. Pour le moment tous les voyants sont encore aux verts. On arrive de nuit en haut de la tour de guet où se trouve un ravito sauvage bien agréable, pate de datte et pastille vichy. Je suis toujours avec Arnaud, nous passons notre temps à nous croiser. On alterne passages roulants, passages techniques pierreux et petits singles. Enfin en début de nuit, j’arrive à la 1ère base vie après 5H de course et je retrouve Arnaud et Cathy. Je n’ai pas très faim, mais je me force à manger un peu. De la soupe et des amandes, un peu de pate aussi. Pour l’instant je n’utilise pas mes barres, je pioche sur les ravitos mais ils sont lights et je vais payer mon manque d’alimentation, c’est déjà une certitude. Maintenant, reste à savoir quand …
Etape 4 Levens-Utelle 14,2km D+ 1000 D-740 Sommet 1170m
Arnaud me presse pour repartir comme dab et je me laisse prendre un peu au jeu, cela m’évite de prendre froid. Comme nous attaquons la 1ère nuit et que nous ne retrouverons notre assistance qu’au matin, je décide avant de partir de mettre un tee-shirt long pour la nuit. Du coup j’ai rapidement trop chaud, et comme on attaque 1000m de D+ la tendance ne devrait pas s’inverser. Arnaud est pas très loin devant et j’avance à mon rythme, la nuit est super chaude et bien que nous ayons déjà 40km derrière nous, nous voyons encore la côte et les lumières. On arrive finalement au col avant de plonger vers le village tout en bas, je fais attention à ne pas avoir mal et je retrouve sur la place du village ; de la lumière, du monde et Arnaud qui était juste devant. Après une bonne pause, Arnaud et Eric repartent avant moi et je suis obligé de me faire violence pour les suivre histoire de ne pas attaquer la suite seul en pleine nuit.
Etape 5 Utelle-Col d’Andrion 11,6km D+ 1099 D- 199 Sommet 1550m
Nous repartons pour 1000m de plus. C’est un peu le tarif après chaque ravito dans cette course. Eric est en pleine forme, il est revenu sur nous après 30 min de retard. Il nous fait donc le lièvre et l’on avance le casque sur les oreilles tous les 3 à un très bon rythme. Ici on est pas mal loin de tout mais on avance, la suite c’est une très longue descente alors je profite de la nuit pour avancer sans me fatiguer. Au dernier ravito je n’ai vraiment pas mangé suffisamment, résultat j’ai rapidement faim. Vivement le prochain ravito et la base vie après. Pour le moment, pas de fatigue et pas de bobos.
Etape 6 Col d’Andrion – Roquebillière 15,6km D+ 587 D- 1687 Sommet 2086
Toujours avec Arnaud, j’avance vers la dernière partie avant la grande descente. Petit à petit nous perdons de l’avance sur notre planning à cause des ravitos qui sont trop light, de la soupe en poudre, des bananes, des fruits secs, sur un ultra cela ne plombe pas assez le bide et avec la chaleur, j’aimerais un truc qui réhydrate surtout. Le jour arrive, j’ai un peu de retard sur mon planning perso mais ce n’est pas bien grave. La descente est longue, et surtout au petit matin, avec la rosée elle est très glissante dans les herbes et dans la terre. Je glisse et me prend peut être 10-12 boites. On arrive sur une piste plus roulante et je suis content, pas de douleurs. Un peu de manque de sommeil, super faim mais je suis content je vais retrouver Cathy et Ghislain au ravito. Seule ombre au tableau, je vais repartir sous le soleil pour les 2300 de d+ … En attendant l’approche de la base vie est interminable dans les rues de Roquebillière. Je passe mon temps à regarder l’heure en me disant que je ne vais pas pouvoir dormir longtemps si je veux éviter le soleil … Et finalement je tombe sur la base vie. Comme dab, depuis 9km on nous annonce 4km avant le ravito et encore à 1,5km, on nous annonce 500m … Je retrouve Cathy, Ghislain et Arnaud qui repart avant que je parte au lit. Enfin le lit c’est surtout un lit de camp dans un grand gymnase éclairé. Heureusement j’ai amené mon équipement. Je m’offre donc 45 min de sommeil, c’est trop peu mais la douche en suivant et un équipement complètement propre me regonfle à bloc pour la course qui commence maintenant. Je réussi à manger un peu de pate, un peu de graine , mais pas grand-chose encore une fois et pourtant j’ai faim !
Etape 7 Roquebillière – Relais Des Merveilles 14,5km D+ 1398 D- 348 Sommet 1768m
Et voilà, je repars seul avec le soleil. Roquebillière est très jolie, avec une piscine naturelle magnifique, mais nous ne sommes pas là pour faire du tourisme. Je stoppe à chaque point d’eau pour m’asperger et refaire le plein d’eau. Ici on commence donc la course. En résumé, maintenant c’est 1400 m puis 1000 le tout en plein soleil. Les grosses difficultés vont arriver et le manque d’alimentation commence à se faire sentir niveau jus. Je me fais doubler par 2 coureurs que je retrouve plus loin et selon la technique du lièvre, je reste avec eux pour aider la montée à passer plus vite. Et le soleil est bien là, plus de point d’eau maintenant il faut tenir ! Comme à mon habitude, je n’ai pas de montre donc je ne suis pas capable de savoir si le ravito est loin. J’économise donc l’eau et m’oblige à ne pas trop boire. Je croise la seconde féminine dans la descente qui nous permet d’arriver au relais des merveilles et là je retrouve nono, Cathy et Ghislain. Enfin un ravito avec de la soupe maison et pas de la poudre et un peu de solide qui donne envie. Un peu de pain du jambon, beaucoup d’eau et un peu de soupe avant de repartir avec nono pour les 1000 m suivant.
Etape 8 Relais des Merveilles- Vallon de la Madone de Fenestre
On commence par de la route, j’adore … Je retrouve mon lièvre et Cathy et Ghislain cheminent avec nous un petit moment, c’est top, nous sommes un bon petit groupe. Le temps passe plus vite. On commence donc encore sous un soleil de plomb mais avec des nuages qui arrivent. La montée est rapidement derrière. Sur le haut, un magnifique passage en crête très technique mais avec une vue terrible. Mon ventre fait glouglou mais je commence enfin à pisser clair. C’est bon signe ! pas de bobos, juste de la fatigue et la faim au ventre ! J’arrive avec Arnaud à la Madone de Fenestre. Les bénévoles sont tops comme toujours. Nous avons chacun un bénévole attitré pendant notre ravito c’est du luxe. En revanche juste du pain, du jambon et du fromage, mais j’ai du mal à manger sous la petite pluie. Encore de la banane et go pour 3 km de route sous la pluie.
Etape 9 8,7km D+ 553 D- 753 Sommet 2233m
La montée ne me marque pas, en revanche les crêtes sont magnifiques et même si la fin approche, il nous reste encore un énorme morceau à faire. La 2ème nuit commence quand nous entendons la musique du boreon. Et encore une fois mauvaise surprise du kilométrage. Le gps d’Arnaud nous annonce 1,5km depuis 2km déjà… En réalité le parcours a été modifié en début d’été et nous restons à niveau, avant de plonger sur la base vie au dernier moment, histoire de faire 350m de d- en 1km un bon mur cassant. Comme je ne veux pas y laisser un genou, je laisse partir Arnaud et je le retrouve avec toute la petite famille au ravito. Là le repas est vraiment bénéfique. Arnaud a le moral dans les chaussettes mais moi je suis à fond, je mange, Cathy nous donne des yaourts, Cécile les compotes de Manon et je motive nono pour aller dormir un peu avant de repartir. Nous dormons 1h. C’est bon mais pas assez, au réveil, nono semble venir de mars et il faut le motiver pour repartir. Nous allons donc attaquer la plus grosse difficulté en même temps que la nuit débute !
Etape 10 Le Boréon – Vallon d’Anduébis 9,5km D+ 1066 D6 936 Sommet 2526m
Nous voilà dans le crux ! Le bon côté nous ne sommes pas sous le soleil. L’autre bon côté, nous passerons de nuit et avant la rosée dans la descente de la mort. Mais pour le moment nous partons sur la route et après une petite montée, on quitte la route pour descendre ! On va prendre 1100 dans les dents et on en rajoute en descendant juste avant !!! On attaque alors notre fameuse montée. Je passe devant et monte à un rythme de sénateur. De nuit avec la musique, cela passe bien. La montée est quand même longue et il nous tarde d’arriver en haut. On croise un labrador avec une frontale qui encadre des secouristes c’est plutôt drôle…. En haut l’accueil est top, les guides ont installé une énorme tente d’expédition et j’en profite pour stopper 5 min avant la descente. La fameuse descente… Finalement, elle est beaucoup moins glissante que la descente de Roquebillère et comme l’herbe est sèche, il n’y pas de soucis. En revanche, les lumières qui remontent en face sont déjà visibles alors plus nous descendons plus nous allons devoir remonter ! Et je trouve que l’on descend beaucoup… On arrive alors au gros point négatif de la course, le ravito du vallon d’Anduébis. Déjà j’arrive vers 3h du mat, ensuite il est tout petit et pour finir il y a juste de la soupe en sachet et des bonbons haribo. Entre 2 étapes longues avec plus de 1000 m de d+ c’est rude. On reste pas longtemps, il y a pas grand-chose à visiter ici …
Etape 11 Vallon d’Anduébis – La Colmiane 12,8km D+ 1124 D- 1234 Sommet 2674m
Nous partons avec un petit rythme. C’est la deuxième nuit et le manque de sommeil plus le manque de nourriture commence à couter chère. On avance très lentement dans un terrain pas terrible, d’herbe et de cailloux. Apres un coup de cul, je prends 5 min de pause mais le froid nous oblige à avancer. Finalement vers 5H une pause est obligatoire, le sommeil est trop fort et nous allons arriver sur la crête ou cela deviendra difficile de dormir. Nous sortons les couvertures de survie et nous dormons 30 min. Le froid et la fatigue ne nous aident pas à repartir. Mais j’ai retrouvé du jus. En revanche nono semble cuit. Je l’attends et le tire sur la crête rocheuse qui nous amène au sommet. Le jour arrive et le paysage est magnifique. Nono retrouve la forme et part comme une fusée, moi j’aimerais rester au sommet, profiter du paysage et des premiers rayons du soleil mais je ne veux pas finir trop tard alors j’avance. La descente est longue, très longue je n’aperçois plus Arnaud mais le soleil est là et commence à me réchauffer. Je stop à un point de contrôle, je me change, je range mes affaires de la nuit et je repars en courant sur une belle piste vers la Colmiane. Je croise pas mal de monde, pas forcément en bon état. Je suis pas trop mal, je n’ai pas de bobos et j’avance.
Dernière étape La Colmanie – Saint Martin Vésubie 9,1km D+ 184 D- 803 Sommet 1641m
Dernière étape, on remonte les pistes et en début de descente je croise l’ouvreur du 55km. Cela me relance et nous avançons ensemble en discutant. Je double encore pas mal de monde et finalement j’approche petit à petit de la fin. Nous rentrons dans Saint-Martin par le bas du village ce qui laisse le temps de profiter de la fin. Je termine donc fatigué et surtout avec la faim au ventre, mais pas de bobos donc le bilan est positif. Et puis j’ai réalisé mes premiers pas dans ce village il y a presque 40 ans alors je peux qu’être content de finir ici !
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